Difficile de définir la performance tant elle est, par son essence-même, insaisissable, transgressive et de forme mouvante. Elle se situe aux marges du théâtre, à l’opposé de toutes les notions dramaturgiques qui définissent le théâtre classique. Elle est née dans la deuxième moitié du XXème siècle, dans les années 60-70, sur les scènes occidentales (en Europe et aux Etats-Unis), portée par l’esprit libertaire de mai 68. Et n’a, depuis, cessée de muter, de tester, d’explorer différentes modalités d’expression, d’exploser les cadres figés et de traverser les frontières entre les disciplines, assimilant et s’appropriant d’autres techniques (la danse, la vidéo, le cirque, les arts plastiques, la philosophie…). En cela, sa forme n’est ni définie ni unique. Il ne s’agit pas, comme au théâtre, de la représentation d’une pièce en tant que telle mais d’un ensemble d’actions signifiantes, voire symboliques, effectuées par un ou des artistes (comédien, danseur, performeur) devant un public. Il peut y avoir texte ou pas. Il n’y a pas de rôles comme on l’entend habituellement ni de personnages mais une ou plusieurs personnes qui s’engagent corps et/ou voix (et/ou âme) sur un plateau. La notion de regardant/regardé est toujours là mais elle s’inscrit, dans le contexte de la performance, dans un présent immédiat au sens où il n’y a pas de décalage de réalité entre la salle et la scène, pas de fiction qui tienne, pas de faux semblants admis. Les actes sont inscrits dans le réel, ici et maintenant, et les artistes agissent en toute transparence. Ainsi, la performance se situe plus, pourrait-on dire, du côté d’une expérience partagée dans un temps et un espace donné. Elle peut être le reflet de son époque, des problématiques de la société, de ses changements, elle peut être la mise à nue d’enjeux intimes, elle révèle aussi les mutations historiques autant qu’esthétiques des arts scéniques. Elle est espace d’expression libre et directe dans lequel une présence et une parole vraies peuvent advenir. Elle est tribune. Elle est prise de risque ultime. Elle est politique, poétique, physique, métaphysique, pourquoi pas scientifique…

Quelques exemples d’artistes de tous horizons, influents dans ce domaine à l’heure actuelle : Marina Abramovic, Steven Cohen, La Ribot, Rachid Ouramdane, Angelica Liddell, Gaël Depauw, Miet Warlop, Stéphanie Lupo…