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Le Salon d’Automne est de retour sur les Champs-Elysées
Du 25 au 28 octobre, synchro avec les feuilles mortes qui tombent et jonchent le sol de la plus belle avenue du monde, le Salon d’Automne revient et expose un large panel d’artistes vivants d’ici ou d’ailleurs.
Il existe depuis l’orée du XXème siècle et c’est impressionnant de se le représenter mentalement. Le Salon d’Automne a en effet traversé un siècle entier pour arriver jusqu’à nous, toujours de saison, toujours foisonnant, sur la célèbre avenue des Champs-Elysées, installant sa présence éphémère sous d’immenses tentes blanches accueillant la création contemporaine dans toute sa diversité : peinture, dessin, gravure, art digital, sculpture, figuration, abstraction, art environnemental, photographie, architecture… les sections sont multiples et le nombre d’artistes exposés tourne autour de 850. Autant dire que, un peu comme pour le Festival Off d’Avignon, il n’y a pas que du bon dans la sélection, certaines œuvres affichent leur mauvais goût, d’autres leurs maladresses ou leur technique encore fragile tandis que d’autres irradient la maîtrise de leur auteur, associée à une vision artistique forte et affirmée.
Pour sa 115e édition, le Salon d’Automne a pour parrain l’écrivain François Cheng, de l’Académie Française, poète, penseur, traducteur et calligraphe, merveilleux lien spirituel entre l’Orient et l’Occident qui a fait de la beauté son cheval de bataille, le point névralgique de sa pensée. A l’opposé de toute connotation superficielle, la Beauté apparaît selon l’auteur vecteur de vérité et de transcendance. Son parrainage semble donc de bon augure pour ce rendez-vous d’artistes international. Son portrait, délicatement dessiné par Sophie Bourgenot (présidente de la section Dessin et Peinture à l’eau), est exposé en début de parcours, à côté de l’alcôve dédiée aux livres d’artistes et qui présente des ouvrages originaux se déployant au-delà du cadre rectangulaire de l’objet livre initial.
Dans la première salle, ce sont des planches de Franquin, invité d’honneur cette année, qui habillent les murs d’entrée du Salon. Des planches issues de sa fameuse série “Les Idées Noires”, révélatrices de son immense talent, des croquis en noir et blanc, entre humour et désespoir, miroirs de nos failles et faillites, échos aux problématiques de nos sociétés modernes et malades. Un sas consacré à l’un des auteurs les plus emblématiques de la bande dessinée avant d’enchaîner sur la suite du salon. Si la section Dessin comporte des pièces qui nous happent l’œil, on s’attarde en particulier cette année sur la Section Gravure qui distille ses merveilles, en noir et blanc ou en couleurs. Maria Chillón, Prix “Jeune Gravure” du Salon y a droit à un emplacement spécial qui permet d’appréhender son travail sur plusieurs œuvres. On ne les citera pas tous tant ils sont nombreux mais naviguer entre ces différentes approches de la gravure est passionnant. Motifs floraux, sylvestres, animaliers, maritimes ou cosmiques, c’est un enchantement et l’on est ébloui par ces clairs-obscurs plus ou moins sombres, plus ou moins lumineux, par la finesse du trait ou son mouvement plein d’élan, par l’intemporalité silencieuse qui se dégage de certaines œuvres. Sous-bois profond, oiseaux, mer étale, arbres majestueux, paysage champêtre, les sujets traditionnels de la gravure sont là et durent car la nature est de loin la source d’inspiration la plus insaisissable et la plus inépuisable qui soit. Mais certains thèmes contemporains émergent aussi de la masse avec puissance comme ce diptyque de Christine Gendre-Bergère abordant la situation des migrants avec simplicité et justesse.
A chacun de faire son chemin dans ce dédale d’œuvres, suivez vos goûts et vos coups de cœur, vous y trouverez votre compte, c’est certain.
Entrée libre
Par Marie Plantin
Salon d’Automne
Du 25 au 28 octobre 2018
Bas de l'avenue des Champs-Elysées
75008 Paris